Lorsqu'en 1982 Muriel Laporte (dite Muriel Moreno) rencontre Daniel Chenevez à la faculté de Rennes (section sociologie), la France et la ville de Rennes connaissent un renouveau du rock, mené dans la ville bretonne par Marquis de Sade et Etienne Daho. Les deux jeunes gens montent rapidement un trio avec José Tamarin, l'Ombre jaune. Muriel a passé son enfance à étudier la piano et la guitare, alors que Daniel pratique le clavier et la guitare, en intégrant dans sa musique les dernières innovations technologiques (synthétiseur, samples, vidéo, etc ..). En décembre 1982 ils se produisent aux Transmusicales de Rennes, festival qui a vu naître bon nombre de futures célébrités, puis dans de nombreuses salles et bars de l'ouest de la France. En février 1984 le groupe devient un duo, change de nom et devient Niagara, reflétant sur scène le couple que Muriel et Daniel forment à la ville. L'année suivante, il publie son premier 45 tours, "Tchiki boum", sponsorisé par la Maison de la Culture de Rennes. Le morceau est très simple mais cela ne l'empêche pas de devenir un vrai succès, qui pousse les ventes du premier album "Encore un dernier baiser" paru en novembre 1986 chez Polydor. Le disque se classe parmi les meilleurs ventes en France, notamment grâce aux clips de "Tchiki boum", "L'amour à la plage" et "Je dois m'en aller", tournés par Daniel Chevenez, mettant toujours en scène l'image de Muriel dans un décor mêlant paillettes et kitsch néo-hippie. Véritable consécration pour un groupe aussi jeune, le 10 mars 1987 Niagara se produit pour la première fois à l'Olympia de Paris, ville où les deux musiciens vivent désormais après avoir quitté Rennes. Puis Niagara enchaîne les festivals, notamment le Printemps de Bourges, les Francofolies de La Rochelle et les inévitables Transmusicales de Rennes. Le duo ne chôme pas et sort son deuxième album, "Quel enfer !", en 1988. Plus mature que son prédécesseur, plus orienté rock que pop, "Quel enfer !" conserve tout de même les ingrédients funk, soul et variété qui ont fait le succès de "Encore un dernier baiser". Cette fois-ci Niagara fait la promotion de l'album à l'étranger et une tournée internationale est mise sur pied. Les deux musiciens rentrent en France épuisés, mais remplis de nouvelles idées et d'une nouvelle vision du monde. Cela explique la tournure que prend le troisième album "Religion" (paru en 1990), beaucoup plus dur, plus politique et philosophique, et musicalement plus proche du hard-rock. Là encore Niagara multiplie les concerts en France et à l'étranger, dans les festivals et les stades. Muriel fait une dépression et finalement cette vie a raison du couple, qui se sépare, mais achève la tournée prévue. Pourtant, Muriel et Daniel se réunissent une dernière fois en 1992 pour publier un quatrième et dernier album, "La vérité", assez proche de "Religion". L'album se vend assez mal et ne rencontre pas le succès de "Religion". Ensuite ... plus rien ... jusqu'au 10 mai 1996 où Muriel Moreno sort son premier album solo, sobrement intitulé "Toute seule". En effet elle a tout fait sur cet album, de la composition à l'enregistrement, bien loin des grands studios fréquentés par Niagara. La production s'est faite chez elle durant un an et demi, et le musicien Christian Lechevretel a terminé le travail aux studios Davout. L'album, empruntant largement au hip-hop, ne rencontre aucun succès, même parmi les fans de Niagara. Cet échec commercial ne décourage pas Muriel qui continue à travailler, composant notamment pour le cinéma. En 1997 c'est au tour de Daniel Chevenez de sortir un album solo, "Excentrique", enregistré dans les studios bruxellois que fréquentait Niagara. On y retrouve l'éclectisme musical du compositeur, qui s'oriente de plus en plus vers la musique électronique et qui s'essaie au chant pour la première fois. Là aussi, cet album se vend très mal. Daniel poursuit sur sa lancée électronique avec "Hypnose" en 1999, enregistré en home studio. Malgré les concerts qui accompagnent la parution de l'album, il rencontre le même sort dans les bacs que son prédécesseur. Muriel renoue quant à elle avec le public en mars 2000 avec son second album "Required elements" qui sort dans pas moins de quinze pays. Produit par Gilles Martin, l'album est cette fois-ci très bien accueilli, notamment au Royaume-Uni. Muriel embraie dans la foulée avec "Surviving the day" (qui sort en mars 2001) sur lequel la chanteuse côtoie Yarol Poupaud du groupe FFF. La reconnaissance publique que lui apportent ses deux derniers albums permet à Muriel de renouer avec la scène (on la voit aux Francofolies de Montréal le 3 août 2001) et de participer à des soirées électroniques en tant que DJ. Du côté de Niagara les fans croient une reformation possible en 2002 lorsque sort "Flammes", une compilation des plus grand succès du duo. Mais ni Muriel ni Daniel ne font la moindre promotion pour le disque, ce qui ne l'empêche pas de finir disque d'or. Niagara fait belle et bien partie du passé pour les deux musiciens, qui poursuivent désormais un autre chemin.